Paris, 1880. A 47 ans, Edouard Manet est aussi célèbre qu’incompris : réputation sulfureuse, art à scandales, soutien des plus belles plumes, Baudelaire, Zola, Mallarmé… Comme Baudelaire, qui en est mort, Manet est atteint par la syphilis. Entre deux séjours en clinique, il mobilise tout ce qui lui reste d’énergie et de combativité pour une exposition qui doit le remettre au centre de la peinture de son temps. Boulevard des Italiens, la galerie de la Vie moderne a disparu. Entre autres décors parisiens, le film revisite cet accrochage virtuel : les chefs-d’œuvre d’un maître qui n’avait plus que trois ans à vivre.

Aux passionnants décryptages de Stéphane Guégan, Nancy Locke, Alain Corbin, répondent les écrits frémissants de Manet et de ses amis. On met à nu les liens tissés avec son époque, qu’une profusion d’archives ravive. En démêlant dans ses tableaux le réel de la fiction, la vie intime de sa re-création, on se laisse troubler à notre tour par cette « inquiétante étrangeté » de Manet… qui troublait si fort ses contemporains.