Quelques minutes de train et je suis à la Cité des 4000 de la Courneuve. La masse imposante et délabrée de la barre Renoir se profile devant mes yeux. Cet immeuble, achevé en 1963, sera bientôt démoli. On fait des cartons chez Fatima, mais elle ne veut pas partir, elle a vécu trente ans dans cet appartement qui représente tout son passé. Les gens de Renoir déménagent et on mure leurs portes, des enfants continuent à jouer au foot dans la cage d’escalier. Dans sa loge, Mimi, la gardienne, parle d’injustice et de ses locataires qui l’ont aimée. Une voiture brûle, un appartement porte les traces d’une récente expulsion. Depuis sa fenêtre Ahmed regarde le parking vide et craint de ne pas être relogé. Le petit Mohamed revient en douce voir le lieu où il est né avant que les travaux ne commencent. On fragilise les murs, on pose la dynamite. Mimi s’insurge : ses locataires sont trop pauvres pour habiter les logements qu’on construira peut-être un jour à la place de Renoir. Renoir a été démoli par implosion le 8 juin 2000.