Ma fille Laura vient d’avoir seize ans. Je me dis qu’elle a de la chance de vivre sa jeunesse dans le post #Metoo en France, que je serai toujours là pour elle, que parler de sexe entre nous ne sera jamais un tabou. Qu’aujourd’hui on peut outiller les filles pour se défendre face aux risques qu’elles encourent. Une chose essentielle nous différencie :  j’ai été victime de violences sexuelles, elle non. Du moins pour le moment...
Au fil des années, un écart vertigineux s’est creusé entre ce qui m’est arrivé et l’image que j’avais de moi. Si je me suis efforcée de donner l’image d’une femme équilibrée, forte, responsable, à l’intérieur je me suis toujours sentie fragile, incapable de me défendre, de transmettre les outils nécessaires pour grandir à ma fille.
Lettre à ma fille du pays des femmes est alors un journal filmé adressé à ma fille adolescente, à toutes les adolescentes, où j’interroge mon rapport à la violence masculine et ma maternité.
Il s’articule autour d’une chronique, avant, pendant et après #metoo et se compose de fragments d'écriture, d’instants de vie, archives personnels et de rencontres avec des femmes engagées contre la violence de genre.