SESSION OF THE MONTH

RETROURNER A SOLOZ

a film by Serge Avédikian


64 min - 2020

Ce mois de mai 2023 est un mois crucial concernant les élections présidentielle en Turquie.
Et je remercie les Films d’Ici de mettre sur leur plateforme mon dernier film documentaire qui peut éclairer un peu le point de vu que l’on peut avoir sur la situation « morale » dans ce pays.

« Retourner à Sölöz » a été re - tourné en décembre 2019 en Turquie, juste avant les restrictions de voyage, à cause de l’épidémie qui a duré presque deux années, le temps de faire le montage et les finitions. Puis le film est sorti en salle à Paris, au Saint André des Arts, avec des débats et des rencontres à chaque séance. Une tournée en France s’en est suivi, toujours avec des rencontres et discussions après les projections.

Le film se déroule sur presque 30 années, entre 1987 et 2020, durant les quatre voyages que j’ai pu faire au village de Sölöz, qui a vu naître mes ancêtres arméniens. Je suis toujours allé au village avec une caméra, comme pour ne rien laisser passer de chaque moment vécu…  La temporalité particulière, qui ponctue la construction du récit et les générations qu’on voit se succéder montre clairement la transformation et l’embrigadement des esprits, qui correspondent à l’évolution « politico-religieuse » du pays, depuis le règne sans partage de Erdogan.

Cette expérience cinématographique exceptionnelle permet de mesurer les rapports humains, sur une longue durée, qui marque les limites d’une histoire non résolue et laissée pour compte, entre des peuples qui ont été victime d’échanges de populations forcés, dans les années 20, selon leur appartenance religieuse. Cela se nomme une épuration ethnique, pratiquée en toute légalité en 1922-23 entre la Turquie, la Bulgarie et la Grèce, comme cela fut fait aussi en ex Yougoslavie dans les années 90.

Le film montre surtout que les peuples ballotés par l’histoire, qui ont subits des déplacements forcés et des traumatismes, suite à des pertes vécues, sont emplis de complexités et de culpabilités qu’ils ont hérités malgré eux depuis plusieurs générations.

Enfin, ce qui transparait aussi, au fur et à mesure des discussions, avec les jeunes gens en particulier, qui étaient des enfants lors des premiers voyages et qui sont devenus des adultes, c’est un déni et de l’histoire passée, puisque c’est ce que les autorités dictent à leurs citoyens. Encore une fois c’est la religion qui se substitue à une forme de nationalisme exacerbée.
La réconciliation n’est pas vraiment pour demain…

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